Ambiance islandaise : La rivière noire

Quand je voyage à l’étranger, j’aime bien lire des romans d’auteurs du pays en question, histoire d’être bien dans l’ambiance. Pour notre voyage en Islande, j’avais donc dans mes bagages La rivière noire d’Arnaldur Indridason, L’embellie d’Audur Ava Olafsdottir, et L’ange du matin d’Arni Thorarinsson.

9782356412751.inddJ’ai testé avec La rivière noire le livre audio, une première pour moi. On a beaucoup roulé et c’était agréable d’écouter cette histoire dans la voiture, et notamment d’écouter à 2 en même temps la même histoire – quand on lit un roman, on est chacun de son côté!

Je n’aime pas les livre qui font peur ni les ambiances glauques, et du coup je lis rarement spontanément un polar. Il se pourrait que je change désormais d’avis…

Un jeune homme est retrouvé égorgé dans son appartement, ne portant qu’un Tshirt de femme, et du Rohypnol (la fameuse drogue du viol) dans la poche de sa veste. Personne ne semble bien le connaitre et tout ceux qui le côtoyaient dressent le portrait d’un homme charmant. Mais nous savons, nous lecteurs ou auditeurs, ce qu’il s’apprêtait à faire le soir où il a été tué, grâce à la première scène du roman… L’enquête n’est pas menée par Erlendur, mais par sa perspicace collègue Elinborg, assistée de Sigurdur Oli, que l’on a déjà croisé dans d’autres romans d’Indridason, et c’est agréable de retrouver et de mieux connaitre ce personnage. Parallèlement à l’enquête, on la suit en effet dans son quotidien, ce qui allège aussi un peu l’ambiance.

L’enquête est bien menée, avec ce qu’il faut de fausses pistes et de rebondissements (et sur un CD, on peut pas visualiser le nombre de pages qu’il reste et si on est près ou non du dénouement!). Bref, on a passé un bien bon moment en compagnie de ce CD. A peine rentrée de vacances, je me suis d’ailleurs plongée dans un autre roman d’Indridason, La voix, pour retrouver Elinborg, Erlendur et l’Islande…

La rivière noire d’Arnaldur Indridason, lu par Jean-Marc Delhausse, traduit de l’islandais par Eric Boury. Editions Audiolib, 2011. Egalement paru en version « papier » chez Métaillé.

So.

Parker – Richard Stark (adaptation Darwyn Cooke)

ParkerParker est un gros dur, cambrioleur, froid, calculateur et malin. Et pourtant, il s’est fait roulé comme un bleu par sa femme et et un ses associés. Il n’a plus qu’un seul but: remettre la main sur ses 40 000 dollars. Et personne n’a intérêt à se mettre en travers de son chemin.

Le personnage de Parker, d’abord héros de polars, a été créé par Donald E. Westlake (alias Richard Stark), prolifique auteur de romans noirs, thrillers et de SF. Il est ici adapté en BD par Darwyn Cooke, scénariste et dessinateur de comics tout aussi prolifique (The spirit, Spiderman, Batman, etc.).

Parker nous plonge dans l’Amérique corrompue et sous l’emprise d’une énorme mafia (« L’orgparker2anisation ») où les femmes en superbes tailleurs et talons hauts ne sont bien entendu que des traitresses (ou des secrétaires) et les hommes que des pourris rongés par l’ambition, le pouvoir et l’argent.

Cette adaptation est une grande réussite. La simplicité des couleurs (bleu pour le 1er tome, rouge et jaune pour les tomes suivants) et la prédominance du noir renforce l’atmosphère sombre de cette chasse à l’homme (aux hommes devrais-je dire).

 Une excellente BD noire.

Parker3A noter que Parker a souvent été adapté en film, dont Mise à sac d’Alain Cavalier (1967) ou Payback de Brian Helgeland avec Mel Gibson. Il le sera à nouveau dans quelques semaines avec la sortie de Parker, film de Taylor Hackford. Je n’ai vu que les bandes annonces de Payback et Parker, mais je peux vous dire que les films me semblent bien moins bons que la BD. Le Parker bédéien, lui, est un mâle, un vrai.

Parker, T.1: Le chasseur de Richard Stark, adapté par Darwyn Cooke et traduit par Tonino Benacquista, Dargaud, 2010

La vérité sur l’affaire Harry Québert – Joël Dicker

harry quebertMarcus Goldman est un jeune écrivain, qui a connu un grand succès avec son premier roman, deux ans auparavant. Son éditeur le presse de lui remettre un second roman, mais Marcus est paralysé par la peur de la page blanche et n’arrive plus à écrire…

C’est alors qu’un affaire vient secouer  l’Amérique toute entière : le corps d’une jeune fille de 15 ans disparue 30 ans plus tôt, Nola Kellergan, est retrouvé dans le jardin d’Harry Québert, auteur reconnu, ancien professeur et ami de Marcus. Ce dernier quitte alors New-York pour aller soutenir Harry, et décide rapidement de mener sa propre enquête pour découvrir qui a assassiné Nola, et innocenter ainsi son mentor. Ce qui ne va pas être facile, puisqu’on apprend rapidement qu’Harry, une trentaine d’années à l’époque, était tombé éperdument amoureux de Nola, et que le manuscrit du roman d’Harry a été retrouvé avec le cadavre de Nola…

J’ai dévoré avec beaucoup de plaisir ce roman très addictif, en suivant les découvertes de Marcus et les nombreux rebondissements de son enquête, jusqu’à la toute fin du roman! Les personnages sont très vivants, bien campés, de la mère de Marcus à son éditeur, en passant bien sur par Nola, que l’on découvre peu à peu… Un vrai coup de cœur.

La vérité sur l’affaire Harry Québert est le lauréat 2012 du prix Goncourt des lycéens et du Grand prix du roman de l’Académie française.

La vérité sur l’affaire Harry Québert de Joël Dicker, éditions de Fallois / L’age d’homme, 2012, 663 p.

So.

Mapuche – Caryl Férey

Mapuche-Caryl FereyVingt fois que j’essaie et que je réessaie d’écrire une note sur ce bouquin sans y parvenir. Cette fois-ci, c’est la bonne. Caryl Ferey est un auteur français et moi, les auteurs français qui n’écrivent pas de roman jeunesse, j’aime pas (bon, parfois je lis et j’aime). Mais souvent, je n’aime pas. Caryl Fery est auteur de polar. Et là, moi je pense qu’à part Agatha Christie (oui, je sais, ce n’est pas du polar, c’est du roman policier!), personne n’a jamais réussi à vraiment m’emporter dans son récit.

Il faut donc croire contre toute attente, que quand le polar est français, j’aime. J’adore même.

Mapuche se déroule en Argentine. Loin des images clichées de tango, pampa et de bœuf délicieusement tendre (nourri aux hormones peut-être, mais qu’est-ce qu’il est bon!), Caryl Férey nous plonge dans une histoire glauque à souhait.

Deux paumés, Jana et Ruben, marginaux tentant de garder la tête hors de l’eau chacun à leur manière, enquêtent sur les meurtres d’un transsexuel et d’une fille à papa de la bonne société argentine. Ce qui fait la richesse du roman n’est surement pas là. Le plus important dans l’histoire? L’Histoire, avec un grand H. En effet, l’enquête nous conduit très vite dans les conséquences de la dictature militaire de la fin des années 70 et du début des années 80: les assassinats et les enlèvements d’enfants d’opposants au régime. Il y a également le passé de Jana, Mapuche déracinée dans cette cité gigantesque qu’est Buenos Aires.

C’est peut-être ça qui est finalement difficile à décrire dans une critique de quelques lignes: l’ambiance du roman; ces personnages laissés pour compte, oubliés qui tentent pourtant de se rappeler aux bons souvenirs de quelques gros bonnets bien tranquilles. Le travail de Caryl Férey est énorme: un travail d’historien, de sociologue et de romancier. Il s’imprègne du pays pour en devenir Argentin lui-même tout comme il l’avait fait pour Zulu, son précédent roman qui se situait en Afrique du Sud. C’est un travail remarquable et bien loin du nombrilisme auquel beaucoup d’auteur français sont habitués (je vous ai déjà dit que je n’aimais pas beaucoup les auteurs français?).

Revue Long Cours

A lire, à relire, à faire partager. Bonne lecture!

Et un dernier petit conseil: vous pouvez également lire l’excellente revue « Long Cours » (n°2) qui contient un article rédigé par Caryl Férey, « Machi » qui décrit sa rencontre avec le peuple Mapuche côté Chili.

Mapuche de Caryl Férey édité par Gallimard dans la collection Série noire et sans oublier la Revue Long Cours (n°2), toute jeune revue qui vaut le détour. 

Cécile.

Le diable tout le temps – Donald Ray Pollock

le diable tout le tempsIL est des livres qui ne laissent pas tout à fait indemne, d’autres qui arrachent une larme et d’autres qui vous font dire que « oh non, jamais au grand jamais je n’irai au fin fond des États-Unis, genre dans l’Ohio ». Le diable tout le temps appartient à la dernière catégorie. Jamais je ne mettrais les pieds dans l’Ohio, terre de Donald Ray Pollock et de tous ses personnages tous plus tarés les uns que les autres.

Il y a ce mari qui voyant sa femme mourir doucement se lance dans des prières extatiques et des sacrifices (d’abord animaux, mais il ne s’arrête pas en si bon chemin), le tout sous le regard de son jeune fils. Il y a cette femme qui fût vaguement jolie un jour et aujourd’hui en couple avec un photographe au hobby si peu moral (message à l’attention des futurs voyageurs: ne faites pas d’autostop!), il y a ce flic véreux jusqu’à la moelle; il y a Roy et Théodore, médiocres prédicateurs; il y a un pasteur plus intéressé par les très jeunes filles que par ses sermons et bien d’autres encore. Une panoplie de personnages aussi peu ragoutants les uns que les autres.

Mais plus que les personnages, une question m’a taraudée tout au long de ma lecture: « mais pourquoi je continue à lire ces horreurs? »  Surement parce qu’il est diablement bien écrit. Parce que deux/trois personnages ne sont pas aussi mauvais que les autres, qu’ils ont tout simplement tirés les mauvaises cartes. C’est un des plus grands romans que j’ai pu lire ces derniers mois et sans doute possible, le plus étonnant.

A noter, le parcours original de Donald Ray Pollock devenu écrivain sur le tard. Né en 1954, il a d’abord passé 32 ans dans une papeterie avant de suivre des cours d’écriture à l’université. Ce n’est qu’en 2008 qu’il publie son premier recueil de nouvelles qui sera très bien accueilli. Le Diable tout le temps est son tout premier roman.

Lisez le vite!

Cécile.

Le diable tout le temps de Donald Ray Pollock traduit de l’anglais par Christophe Mercier, aux éditions Albin Michel en mars 2012. Meilleur livre de l’année 2012 par le magazine Lire. Grand prix du roman policier 2012.